Les Ptérodactyles s’envolent !
Les Ptérodactyles, toile peinte par Mathurin Méheut dans les années 1940 et faisant partie du patrimoine artistique de l'université de Rennes, a quitté en février dernier le territoire national en direction du Japon. Elle y est exposée dans le cadre de l’exposition de Paléoart Dinosaur dreams, Imagination and Creation of the Lost World .
Comme sa protection au titre des Monuments historiques l’obligeait, elle a été convoyée par la responsable des collections muséales de l’université.
Des précautions particulières pour l’œuvre Monument Historique
Le statut de Monument Historique, reconnaissance de l’importance patrimoniale d’un bien, oblige son propriétaire à suivre certaines dispositions pour en assurer la protection et la bonne conservation.
Pour les toiles du décor de l’Institut de géologie, chaque demande de prêt doit être validée par le préfet de Région par le truchement de la DRAC et de son service des Monuments Historiques. Celui-ci donne un avis sur la demande de prêt assorti de préconisations sur le conditionnement, les conditions de conservation, le mode d’accrochage... Dans le cas du prêt de la toile des Pterodactyles, une autorisation de sortie temporaire du territoire national est également requise auprès des services du Ministère de la Culture.
Quand l’état de l’œuvre le nécessite, une intervention d’un ou d’une restaurateur ou restauratrice agrée est demandée en amont du déplacement de l’œuvre. Avant le départ des Ptérodactyles, Justyna Verdavaine, restauratrice, a donc procédé à un nettoyage de la toile des ptérodactyles, à un renfort de certaines parties perforées et à une consolidation du châssis de l’œuvre. Un dos de protection a été posé qui accompagnera l’œuvre pendant toute la durée de l’exposition.
Pour le voyage, un transporteur spécialisé dans les œuvres d’art a été mandaté et une caisse au format a été confectionnée. Partie de Rennes le 20 février, l’œuvre est arrivée à Kobé le 23 février. Elle a été accompagnée sur l’ensemble du trajet par Marion LEMAIRE, responsable des collections muséales. Le rôle de la convoyeuse est alors de s’assurer à chaque étape que tout est mis en œuvre pour assurer une protection optimale et adéquate de l’œuvre : contrôle du conditionnement et de l’arrimage dans les véhicules, vérification du
non voisinage de l’œuvre avec des produits susceptibles de l’endommager lors du transport en avion, contrôle de l’intégrité de la caisse à toutes les étapes, transmission des consignes aux équipes de la régie technique des musées emprunteurs, constats d’état à l’ouverture des
caisses, validation des procédés d’accrochages.
Une œuvre au catalogue d’une exposition de Paléoart
L’exposition Dinosaur dreams, Imagination and Creation of the Lost World a ouvert au public le 4 mars à Kobé.
Hasard de la vie, c’est du port de cette ville que Mathurin Meheut, en Août 1914, quittait précipitamment le Japon au terme d’un voyage d’étude interrompu par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Plus d’un siècle après, une des œuvres de ce peintre est donc présentée au public japonais au côté d’autres œuvres d’artistes internationaux de Paleoart. L’exposition proposée par le Sankei Shimbun propose un aperçu historique de la représentation des dinosaures et autres créatures anciennes dans l’art du 19 e et 20 e siècles.
La toile Les Ptérodactyles représente sept de ces animaux marins du Secondaire. Le sujet, comme celui des Ichtyosaures et des Diplodocus, faisait partie des thèmes commandés pour la réalisation du décor de l’Institut de géologie dans les années 1940.
C’est le seul ensemble de Paleoart connu de la main de Mathurin Méheut, artiste décorateur, fin observateur de sujets naturalistes. Pour sa réalisation, Mathurin Méheut s’est largement inspiré de la documentation confiée par Yves Milon, le commanditaire et notamment de l’ouvrage illustré par Charles R. Knight. Cet artiste américain, contemporain de Mathurin Méheut et célèbre pour ses représentations de dinosaure est lui-même présent dans l’exposition japonaise.
Aujourd’hui, ces représentations d’espèces anciennes de Mathurin Méheut sont considérées comme présentant de nombreuses incohérences anatomiques au vu des connaissances scientifiques. Néanmoins elles restent un témoignage important du Paléoart français et une œuvre singulière de l’artiste breton.
Elles sont visibles ainsi que l’ensemble des toiles du décor de l’ancien Institut de Géologie au bâtiment 5 du Campus de Beaulieu.