Les modèles pédagogiques de botanique

La collection de modèles pédagogiques de botanique constitue un témoignage pour l'histoire de l'enseignement scientifique.

Les modèles pédagogiques de botanique

La collection de modèles pédagogiques de botanique constitue un témoignage pour l'histoire de l'enseignement scientifique.

En botanique, les détails anatomiques propres à la reconnaissance et à la détermination des espèces sont souvent difficiles à percevoir pour l’oeil novice des étudiant.e.s. Les modèles sont souvent des agrandissements de ces détails rendus perceptibles pour toute la classe. Certains modèles sont démontables : ceci permet de mettre en évidence des éléments qui, sur la fleur réelle, nécessiteraient une dissection anatomique pour être visibles.


Les modèles botaniques sont des objets d’une grande valeur historique et esthétique, dont la vocation était l’enseignement.

A partir du XVIIIe siècle, aux herbiers pédagogiques, s'ajoutent des modèles ainsi que de planches pédagogiques dessinées ou imprimées.
L'accroissement des outils pédagogiques en botanique comme dans d'autres discipline, bénéficie au XIXe siècle du développement d'un marché et des capacité de production du matériel de l'enseignement.

Outre la découverte de la diversité anatomique du règne végétal, la connaissance des plantes agricoles est un sujet d’étude important au cours du XX° siècle, comme en témoigne les collections provenant du laboratoire de botanique appliquée de Rennes.
La présence de plantes tropicales d’importance économique qui étaient étudiées, et donc modélisées, indique un lien avec l’histoire des empires coloniaux.

Les modèles Brendel

A la fin du XIX° siècle, un fabricant s’impose dans ce domaine : c’est l’atelier Brendel.

Les modèles Brendel sont des maquettes destinées à l’enseignement de la botanique et de la mycologie (l’étude du règne fongique, aussi appelé règne des champignons). Ces maquettes sont réalisées en divers matériaux, principalement en bois et en papier mâché. Des armatures en fer recouvertes de papier ou de tissu permettent de réaliser les pièces délicates. On trouve également des pièces de gélatine peinte pour représenter les transparences des organes.

Les modèles de Brendel ont été réalisés et commercialisés entre la deuxième moitié du XIX° siècle et la première moitié du XX° siècle, d’abord à Wrocław (Pologne) puis Berlin (Allemagne). Leur renommée est telle qu’ils sont vendus dans le monde entier : on retrouve aujourd’hui de nombreuses collections, dans des états très variables, dans de nombreuses universités.

La grande majorité des pièces Brendel sont des représentations, parfois très agrandies, des fleurs ou des fruits des angiospermes : ce sont les modèles les plus connus du public lorsque l’on parle de Brendel.

D’autres pièces sont relatives à d’autres branches de la botanique : les gymnospermes ou conifères, les bryophytes, groupe varié et méconnu dans lequel on retrouve les mousses, et les ptéridophytes, groupe des fougères et plantes apparentées. Enfin, quelques modèles représentent des bactéries et des champignons. En effet, dans la classification d’Endlicher (1804-1819) qui faisait loi à l’époque de leur fabrication, le règne des Plantae incluait sous le nom de Thallophytes les bactéries, les algues et toutes les plantes dites « inférieures », non vascularisées et formées d’un appareil végétatif appelé thalle.

Enfin, une partie non négligeable de la collection Brendel est constituée de modèles permettant de comprendre l’anatomie végétale par l’intermédiaire de coupes agrandies de différentes structures très variées.

L’université de Rennes conserve aujourd’hui 274 modèles de facture Brendel.

Les registres comptables de la faculté des sciences de Rennes nous apprennent que Louis Crié (1850-1912), titulaire de la chaire de botanique, a commandé pour ses enseignements des séries complètes du catalogue Brendel auprès du libraire parisien Le Soudier.
Le registre de matériel des travaux pratiques de botanique tenu à l’époque atteste de la perte et la destruction d’une partie de cette collection à la fin de la seconde guerre mondiale.

Au fil du temps, un certain nombre de remaniements ont été effectués lors des enseignements, entrainant une perte de cohérence de la collection : séparation d'objets de leur socle, mélange ou perte d'éléments...

Grâce à la mise en correspondance entre les modèles en collection à Rennes et la description qui en est faite dans le catalogue de vente de Brendel (Preisliste der Botanischen Modelle von R. Brendel, 1913-1914), nous avons pu reconstituer la plupart des modèles détériorés avec le temps. Nous espérons désormais pouvoir offrir une restauration aux pièces les plus endommagées.

 

Les modèles Gasser

La collection des modèles de Heinrich Gasser, de l'université technique de Graz en Autriche, est d'une importance considérable au regard des autres collections de cette facture visibles en France.

L'origine de la présence de cette collection riche de 38 modèles conservés à l'université, reste encore à ce jour mal connue des registres de matériel dont nous disposons. Ces modèles décrivent différents types de vascularisation, des filicophytes aux angiospermes. La plupart sont en mauvais état, certains sont très abimés (nombreux fragments) et mériteraient un travail de restauration, impossible dans l’état actuel des connaissances sur ces modèles.

Les modèles en cire

Les modèles en cire, au nombre de 45 pièces, décrivent, a priori, les différents stades de développement des feuillets de méristèmes et les différentes formes d’embryons (entiers et/ou en coupe).
D’après les informations dont nous disposons, il semblerait que ces modèles soient de facture Ziegler, au regard de la finition des objets et des étiquettes de numérotation. Ces modèles de description de l’anatomie botanique sont à ce jour supposés rares, et l’on dispose de peu d’informations à leur sujet.

Les modèles de Champignons

Scientifiquement parlant, il s’agit ici des modèles de carpophores de champignons.
En effet, le règne des champignons, appelé aussi règne fongique ou Fungi, regroupe des organismes très variés parmi lesquels de nombreuses formes sont microscopiques. C’est le cas par exemple des levures, ou de certaines moisissures, certains parasites végétaux ou animaux. L’université dispose à ce titre de plusieurs modèles de facture Brendel présentant une vue très agrandie des organisations cellulaire de ces formes de vie.

 

Le carpophore, c’est la structure de fructification du champignon visible à l’oeil nu, celle que l’on ramasse en forêt. Le carpophore n’est que la partie émergée du champignon, qui lui sert ponctuellement, lorsque les conditions sont propices, à assurer la reproduction sexuée. Un champignon, c’est surtout un réseau de filaments appelés hyphes, généralement souterrain, et qui constitue la partie végétative, appelée mycelium.
Concernant les 50 modèles de carpophores conservés à l’université, ceux si sont d’origine différente : Auzoux, Boubée et Pierron. En outre, un certain nombre de modèles de facture inconnue sont identifiés comme « Musée de Rennes ». Une recherche dans les archives municipales permettrait d’en savoir plus sur l’origine et l’historique de ces modèles.

Les modèles de fleurs Jauch-Stein

L’université de Rennes possède une collection rare de 27 plantes artificielles en tissu qui proviendrait de l'ancienne école de médecine et de pharmacie de Rennes.

Ces objets d’une grande fragilité ont été produits dès 1884 à Wrocław (Pologne) par Mme Christina Jauch sous le contrôle scientifique du Dr B. Stein, inspecteur du jardin botanique, sous le nom de « Flora artefacta » ; cette production bénéficiait du soutien et des achats du ministère de l’Instruction publique de Prusse et était proposée dans les catalogues de marchands spécialisés à côté des modèles Brendel.

Les modèles en cire de pommes de Houlbert

La culture du pommier a eu une place prépondérante dans l’agriculture bretonne. La faculté des sciences de Rennes et le monde des scientifiques rennais ne pouvaient rester en dehors de ce domaine.

Parmi ceux-ci, Constant Vincent Houlbert (1857-1947), conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Rennes (1927-1947), se distingue par la publication en 1937 d’un ouvrage de classification intitulé « Tableaux analytiques illustrés de pomologie », il s’inspire des systèmes dichotomiques adoptés dans les ouvrages de détermination des organismes, tels que les flores des botanistes. A partir des fruits les plus représentatifs, il décrit et classifie 340 variétés de pommiers choisies parmi les plus représentatives de la région, en 12 catégories.

Pour cela, il utilise des critères anatomiques des différentes parties du fruit (couleur des épidermes, longueur des pédoncules, particularités relatives aux cavités oculaires et pédonculaires). Pour ce travail de description anatomique, Houlbert réalise une série de moulages en plâtre dans lesquels il coule des pommes en cire. Une partie de ces plâtres et moulages est aujourd’hui conservée dans les collections de l’Université de Rennes.

Houlbert parcourt l’Ouest de la France pour récolter ses fruits. Certains moulages proviennent de pommes qu’il a échantillonné dans son jardin personnel, dans les jardins de la Faculté de Rennes… Il obtient ainsi ­une reproduction parfaite et impérissable du fruit. En procédant de la sorte, cela lui permet de comparer les fruits de variétés dont la phénologie est décalée.
 Chaque moule correspond à un fruit, aussi représentatif que possible de la variété de pommes étudiées par Houlbert pour établir sa classification des pommes.

La conservation

En 2023, l’équipe collection a entrepris un nouveau travail de conservation de ces collections historiques, leur vocation pédagogique s’étant peu à peu muée en une vocation muséologique.

La plupart de ces objets ne sont aujourd’hui plus manipulés par les enseignants. Ils restent toutefois visibles des étudiants qui fréquentent les salles de TP de biologie végétale, et une petite partie d’entre eux est encore utilisée en enseignement, pour comprendre l’anatomie florale notamment.

Après un inventaire de chaque pièce, un nettoyage et un constat de leur état de conservation, une photographie et une recherche historique sur l’origine de leur fabrication et de leur acquisition, nous entreprenons une mise en valeur de cette collectionn. Ceci permettra de proposer une présentation, lors de journées d’ouverture des collections, telles que les Midis des Collections, les Journées du Patrimoine...

Les informations dont nous disposons pour chaque modèle ainsi que plusieurs photographies prises sous différents angles seront prochainement mise en ligne, n'hésitez pas à nous contacter pour plus d'informations.